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Journal La Liberté, avril 2022





Estavayer-le-Lac » Sur son bras droit, Caryl Cantin a tatoué 2011 en chiffre romain.

Des oiseaux s'envolent vers son épaule où brille le soleil au côté d'une hirondelle.

Ces symboles font référence à son parcours marqué par des années sombres durant lesquelles il s'est enfermé sur lui-même en devenant dépendant au cannabis avant de trouver un sens à sa vie en étant médium. Le Staviacois d'adoption, âgé de 35 ans, a écrit un livre intitulé Médium et terre à terre, qui paraîtra le 10 mai. Dans ce bouquin, il se dévoile en partageant notamment son histoire de personne hypersensible.


«J'ai ressenti le besoin de mettre sur papier mon vécu et de donner des clefs pour aider les gens comme moi. Je reçois de plus en plus en consultation des personnes hypersensibles, c'est-à-dire qui ressentent, souvent sans le savoir, les émotions des autres, comme s'ils étaient une éponge. Lorsqu'ils vont par exemple dans un centre commercial, ils rentrent exténués car ils ont encaissé l'énergie des clients», expose

Caryl Cantin, attablé dans son appartement moderne décoré avec goût.


Perdu dans les addictions


Cet homme svelte au physique soigné parle avec aisance de cette sensibilité qu'il dit avoir subie de 16 à 24 ans jusqu'à se perdre dans les addictions: «J'aurais aimé à cette époque trouver directement les clés pour m'en sortir en lisant un livre comme le mien. Je l'ai écrit avec beaucoup d'humilité pour faire passer un message et aider les gens. Je n'ai pas besoin de me faire de la pub car j'ai deux mois d'attente pour les consultations.»


Après avoir vécu une enfance heureuse, l'adolescence est plus compliquée. «J'ai été bien entouré, mais je me suis toujours senti différent», se remémore-t-il. A l'âge de 16 ans, une scène va le chambouler. «Je faisais la queue dans un magasin et j'ai senti que l'homme derrière moi n'était pas bien. Ce n'est pas rationnel, je sais.»


Pas diagnostiqué


Caryl Cantin n'a pas été diagnostiqué par un psychologue car il n'a jamais ressenti le besoin de le faire. «Je me sens très bien et équilibré dans ma vie», répond-il. Après son école obligatoire, il opte pour un apprentissage de polymécanicien car il apprécie le métal et le travail de précision. «La journée, il n'y avait pas de problème.

J'ai commencé à fumer du cannabis pendant les fêtes car ça calmait mes sensations internes. Puis je fumais deux à trois fois par semaine et enfin tous les soirs. Je me suis réfugié dans cette addiction. C'était une échappatoire, je m'anesthésiais.

Pendant 8 ans, je me suis renfermé sur moi-même, la journée je bossais et le soir je m'enfermais dans mon appartement», se souvient-il.


«Je me suis réfugié dans cette addiction. C'était une échappatoire, je m'anesthésiais»

Caryl Cantin


Ce perfectionniste, qui se décrit comme quelqu'un d'entier, se met beaucoup de pression pour atteindre son idéal. « Je suis toujours dans les extrêmes». Le déclic s'opère le jour où il ressent ce qu'il nomme son guide. Un sujet, admet-il, qui créée la controverse. «Il y a le corps physique et le guide est la partie spirituelle sans connotation religieuse. On peut l'appeler aussi intuition ou sixième sens. Cette essence spirituelle ne pourra jamais être scientifiquement prouvée, il restera toujours une part de mystère», considère-t-il. Accompagné par des thérapeutes d'horizons divers, il apprend à écouter son guide en méditant et en créant une sorte d'interrupteur pour gérer son hypersensibilité. Un rituel qu'il répète chaque jour depuis dix ans. «Une flamme s'est allumée en moi et n'a cessé de grandir. J'ai repris goût à la vie et je suis enfin moi-même.»


Premier patient en 2013


En 2011, sa maman lui parle d'un documentaire sur la médiumnité. C'est la révélation. Il s'inscrit alors à une formation non pas pour se connecter avec les défunts mais pour gérer son énergie et aider les gens. En 2013, il traite son premier patient. «Je reçois majoritairement des femmes car elles sont plus ouvertes à ce genre de pratique et plus sensibles», observe-t-il. Fin 2015 et face aux succès de ses consultations, il quitte son métier de polymécanicien pour se consacrer à 100% à la médiumnité. «J'aime rendre ma vie disponible pour l'autre, décortiquer les histoires de couple, de famille, etc. Je me suis fait connaître auprès du public en contactant les morts. Mais être médium peut se pratiquer de différentes manières. Avec mon guide, j'aide principalement les gens vers la guérison et je transmets des informations. Les gens viennent consulter par exemple pour des problèmes privés et professionnels ou pour apprendre à gérer leur hypersensibilité», résume-t-il.


Le médium ne considère pas sa pratique comme un don, mais comme une capacité qui s'apprend et se travaille au quotidien. C'est la raison pour laquelle il fait payer ses consultations. «La facturation des séances est un sujet délicat pour certains thérapeutes. Je facture le temps que j'offre aux gens et non pas la capacité de les aider.»


Même s'il a trouvé un équilibre dans sa vie, il traverse parfois des moments de doute, de peur. «Je reste un être humain», sourit-il. Son avenir? Il le voit en continuant à transmettre son savoir aux personnes hypersensibles.


> Caryl Cantin, Médium et terre à terre aux éditions Favre, en vente dès le 10 mai.


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